Devenir un leader européen

Avec un chiffre daffaires denviron 10 millions deuros, quatre marques (OTacos, Chick & Cheez, Go ! Fish et Gong Cha), une quinzaine de restaurants gérés en propre et, en outre, six exploités par des franchisés, le franchiseur multimarque Mad Vision reste pour linstant un acteur modeste dans le secteur de la « restauration rapide » (QSR). Mais les ambitions de lentrepreneur Adlane Draou, petit-fils de mineur dorigine algérienne, né à Mons, sont claires : « Nous voulons devenir à terme lun des leaders européens du QSR. Nous nous inspirons de groupes comme Amrest, Autogrill, le groupe Bertrand en France ou QSRP en Belgique. Nous ferons nos premiers pas à létranger cette année, notamment en France. »

Laccord de master franchise pour le Benelux et la France, que Mad Vision a signé avec le leader du marché du thé à bulles, Gong Cha, devrait accélérer la croissance de manière exponentielle. « Nous prévoyons un rythme douverture solide cette année : nous avons récemment ouvert à Bruxelles, Mons et Anvers, Liège ouvre en mars, Charleroi, Genk, Tournai suivront également… Après cela, nous franchirons le pas vers la France, où le potentiel est énorme. Le premier restaurant ouvrira en mai, à Paris. Jespère avoir 10 à 15 restaurants en Belgique dici la fin de lannée, et autant en France. Nous pourrions également ouvrir aux Pays-Bas cette année, mais ce nest pas encore certain. Si la France demande trop de temps et dénergie, nous reporterons cette étape pour un certain temps. » Quoi quil en soit, Mad Vision vise à doubler son chiffre daffaires dici 2024. « Nous nous dirigeons assez rapidement vers 100 restaurants, dans les cinq prochaines années », dit-il.

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Investissement limité

Le grand avantage du modèle commercial de Gong Cha est quil nest guère affecté par la crise énergétique, affirme lentrepreneur. « Les restaurants consomment très peu délectricité et ne comptent quentre un et quatre employés, ce qui limite également limpact de lindexation des salaires. Il sagit de petites surfaces, donc des loyers plus bas. Linvestissement est limité à quelque 100 000 euros. Comparez cela à un restaurant OTacos, qui compte 10 à 15 employés et nécessite un investissement de 350 000 à 500 000 euros… »

Mad Vision trouve-t-elle suffisamment dentrepreneurs ? « Nous avons la chance de faire partie dun réseau de franchisés. Par conséquent, nous navons aucun problème à trouver des franchisés potentiels. En outre, linvestissement – et donc le risque – est faible. Il sagit de petits restaurants au chiffre daffaires limité qui génèrent une excellente marge. Cela permet douvrir de multiples succursales et de limiter son risque. Avec dix succursales de Gong Cha, vous correspondez à une de McDonalds. Lavantage de ce modèle économique est quil nest pas nécessaire de disposer dune grande surface : on peut parfaitement ouvrir un kiosque de 15 m² dans un magasin de vêtements, par exemple, ou dans un hypermarché. »

La marque de référence

Quelle est la force de Gong Cha, sur un marché comptant autant de fournisseurs ? « Cest le leader mondial. En Europe, il y a beaucoup de petits acteurs à gauche et à droite, mais il ny a pas encore de marque de référence. Avec Gong Cha, nous avons lavantage dêtre les premiers à agir, nous avons des emplacements de premier ordre, dans des centres commerciaux et des centres-villes. Et il y a la qualité du produit : nous les avons tous goûtés et la différence est incroyable. Chez Gong Cha, on ne boit pas de leau sucrée mais du vrai thé infusé vieilli quatre heures au maximum. Même les graines de tapioca sont fraîchement préparées sur place. Personne nest à ce niveau. »

Les premières agences belges fonctionnent très bien, tant en Wallonie, à Bruxelles, quen Flandre. « Cest assez rare, étant donné les différences régionales dans les comportements de consommation. Le modèle économique fonctionne partout. » Selon Adlane Draou, le potentiel est donc important : « Le thé à bulles est encore assez méconnu, surtout chez les plus de 40 ans. Il y a encore beaucoup didées préconçues, par exemple sur la teneur en sucre, alors que nous servons aussi des boissons peu ou pas sucrées. La différence entre Gong Cha et, par exemple, un Starbucks, est que Gong Cha apporte un produit que vous pouvez également offrir aux enfants. On ne fait pas ça avec le café. Mais nous nous adressons également à des consommateurs un peu plus âgés, car il sagit dun produit premium. »

La rentabilité sous pression

Le thé à bulles pourrait-il être une mode qui passe rapidement ? Adlane Draou pense que non : « Le thé à bulles existe depuis les années 1980 en Asie, Gong Cha a commencé en 2006 et compte aujourdhui environ 2 000 points de vente dans le monde. Dans certains pays, ils fonctionnent depuis plus dune décennie. Le thé est une catégorie en pleine expansion. Nous y croyons.”

Quest-ce qui rend le marché des QSR si intéressant ? Après tout, il existe un très grand nombre de marques et de concepts différents sur le marché… « Surtout depuis Covid, les gens sont moins enclins à manger au restaurant traditionnel. Les plats à emporter ou à livrer sont devenus plus populaires, de même que la restauration rapide. Avec la crise actuelle, les gens préfèrent dépenser 5 à 10 euros pour un repas en famille, plutôt que de manger dans un restaurant classique. Tout le monde ne peut pas se le permettre. Nos marques offrent un excellent rapport qualité-prix. »

Mais lentrepreneur prévient aussi : il ne faut pas tomber dans leuphorie. Le secteur souffre de la hausse des prix de lénergie et de lindexation automatique des salaires. Il est certain que les grands concepts comme OTacos ou McDonalds sont de gros consommateurs dénergie, et cela ronge la rentabilité. Les ventes peuvent se maintenir, mais les bénéfices sévaporent lorsque les prix de lénergie quadruplent. « Vous ne pouvez pas augmenter les prix proportionnellement à linflation. Gong Cha y échappe largement, heureusement. »
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